1/ SYNOPSIS

“Je me suis rappelée ce que le monde de notre enfance avait eu de si particulier, ce que nos rêves avaient eu de si déterminants.Peut-être qu’avoir un jour envisagé un monde meilleur, nous a marquées plus qu'on ne le pense. J'ai dû accepter que le principe de l'utopie c'est par essence, sa non réalisation et que les grands récits qui ont nourris m'ont enfance se sont salement cabossés. Dans ce monde trouble et incertain, chacune de nous négocie sans cesse avec cet héritage.”

Que sont devenues ces figures de la mixité que nous étions, fières du multiculturalisme promu il y a une vingtaine d’années? Comment percevons-nous la situation sociale et économique actuelle ? Comment vivons-nous la réalité de ces nouveaux visages de femmes que nous sommes censées incarner ? Comment nous représentons-nous au sein de cette société éclatée, où les valeurs autrefois structurantes semblent définitivement éparpillées ?

Comment définir son style de musique sans être trop cliché ? Pourquoi tenter sa chance à Londres lorsque l’on est une actrice métisse belge ? Comment trouver un homme qui convienne à la fois à la famille et aux attentes personnelles ?Ces femmes se questionnent, tirent les cartes qui leur offrent des réponses possibles. “Les Héritières” évoque le quotidien des quatre femmes, et montre les réalités professionnelles, sociales, personnelles auxquelles elles sont confrontées. A travers les histoires des mères et de leurs filles, le film cherche à comprendre et à raconter l’élaboration de ces parcours de femmes qui négocient avec les paradoxes et les différentes strates culturelles.

À côté de ces destins croisés, la ville est un autre protagonistes. Bruxelles qui, les autres personnages, a évolué au fil des années. Autrefois, ouverte, aujourd’hui, Bruxelles se ferme. La ville est aussi le lieu de fantasme, de projection, et parfois d’exil. On y rêve d’une vie meilleure et d’opportunités. La ville est tantôt un Eden, tantôt un lieu de solitude et se révèle menaçante. Comment y vivre avec les autres et des attentes parfois inassouvies?

Le film prends ses racines dans l’antiracisme des années 80 et questionne le présent. Pourtant, « Nous sommes tous des enfants d’immigrés », le slogan proclamé après les élections fédérales de 2019, résonne encore dans les rues. Pourquoi en est-on toujours là ? Qu’en est-il de l’engagement aujourd’hui? Comment les nouvelles générations vont-elles se construire et se réinventé dans ce monde hérités de nos parents?

Ces moments de mise en scène – moments suspendus, hors du temps du réel – apparaissent comme des bulles qui racontent ce qui travaille l’inconscient de chacune des héritières. Ce sont ces moments projetés entre le réel et le rêve qui donnent à voir et à entendre les femmes que nous sommes aujourd’hui dans toute la complexité de nos identités, multiples et repensées.